Takayama, dans la neige au pied des Alpes japonaises, du 13 au 16 mars 2014

19 Mars 2014

Tokyo, Japon, le 19 mars 2014

Chose peu commune au Japon, notre train rapide pour Takayama via Toyama est à la bourre. Du coup on prend un train qui s'arrête dans tous les villages : "Furukawa, furukawa, deux minutes d'arrêt! ....". Au lieu de mettre 2 heures, on en met 4. Takayama est une petite ville au milieu des montagnes où les gens sont très attachés à leur terroir et à leur tradition. On n'est qu'à 500 mètres d'altitude mais il neige de novembre à fin mars, et en effet il en reste beaucoup. Sur les conseils de notre aubergiste, on part manger dans un minuscule bar, fort sympathique. Un japonais qui a l'air d'être un habitué des lieux parle quelques mots d'anglais, et nous offre un verre de shochu. Pas facile de communiquer, mais belle rencontre. Tournée générale de sake pour féter ça !

Takayama compte de très belles rues bordées par des maisons en bois noircis, des distilleries de sake, et de nombreuses boutiques. On visite une demeure de marchand, énorme maison en bois construite à l'époque où le commerce faisait la fortune des habitants. On part ensuite sur une colline au nord de la ville, l'occasion d'une balade sous la neige, le long de temples où règnent une parfaite quiétude.

Les "onsen" sont trés populaires au Japon. Ce sont des bassins alimentés par des sources chaudes volcaniques, aux vertus souvent thérapeutiques. On en retrouve dans tout le pays, et particulièrement dans la région de Takayama. On part cet après midi pour Gero à seulement 50 minutes de train. Il y aurait ici un onsen gratuit, et en plein air au bord d'une rivière! C'est le cas mais le bassin vient d'être vidé pour nettoyage, trop dommage, le cadre est vraiment sympa. On se rabat sur un onsen public (350 yens; 1 euro =140 yens) dans cette petite ville. Il y a un certain rituel à suivre dans un onsen, et pour une première expérience on se retrouve dans un petit bled où rien n'est indiqué pour nous. Chose à savoir, un onsen, c'est les femmes d'un coté, les hommes de l'autre. Et pour cause : ici on se baigne tout nu. C'est comme ça ! Plusieurs bassins avec une eau entre 40 et 43 degrés! C'est carrément trop chaud. Difficile d'y tenir plus de 15 minutes d'affilé! Mais c'est quand même très plaisant. Pour une première, je n'ai pas osé y aller sans maillot de bain, ce qui m'a valu d'être dévisagé par tous les papis du coin...

Takayama est idéalement placé pour explorer les Alpes Japonaises, un massif montagneux qui ressemble beaucoup au notre. On a réussi à avoir un billet "bus AR +télephérique de Shinhotaka" pour 5000 yens/pers. 1h30 de bus et nous voilà à Shinhotaka et une chose est sûre, il y a de la neige! On a mis toutes nos fringues les plus chaudes et on a bien fait. Arrivés en haut du téléphérique à 2150m, il fait -13 degrés, et il y a 2 mètres de neige! La vue est bouchée. Difficile d'avoir des infos avant de partir sur les excursions possibles depuis le sommet, on ne sait pas trop quoi faire. On n'a que nos petites chaussures de trail, mais on part sur un sentier très fréquenté, où la trace est vraiment bien tassée. Les japonais sont hyper techniques, avec des chaussures d'alpinisme, crampons, piolet, baudrier...et que du Millet ou du North Face! On se dit qu'on les suit tant qu'on peut...

On suit un chemin de crête pas du tout exposé, entre des sapins recouverts d'un mètre de neige fraiche, c'est vraiment magnifique! Une heure plus tard, on arrive au refuge du "camp de base" du Nishi hotakadake (2909m) , à 2367m, et tous ces japonais sont en fait parti pour faire l'ascencion jusqu'au sommet. Là c'est clair, on n'est pas assez équipé! C'est génial de se retrouver dans un refuge 100% nippon, l'occasion de gouter un calpis chaud (genre de lait au gout de citron). On revient en haut du téléphérique et le temps se dégage, on a une vue de dingue sur les montagnes environnantes. On a froid aux pieds, mais on est aux anges!

Sur le chemin du retour on fait un stop à Hirayu, ville de montagne réputée pour ses onsens. On profite du Hirayu no mori (500 yens) et de ses nombreux bassins extérieurs à 42 degrés. Cette fois il y a une cinquantaine de personnes, de tous les ages, et je me dis que si j'arrive en maillot de bain, là ils vont encore plus bloquer sur moi! Bon ben à poil alors! (Aurélie a ressenti la même chose de son coté!) Contempler les sommets enneigés depuis ces bassins, c'est quand même pénard! Le boeuf de Kobe est mondialement connu, celui de Hida beaucoup moins, mais tout aussi bon. Il est produit dans cette région, selon un processus bien particulier. A la vue de cette viande, on comprend tout de suite que ça va être bon, on n'avait jamais vu une viande de boeuf aussi persillée. On nous sert de fines tranchettes qu'on grille nous même sur un barbecue de table. Incroyablement tendre et goûtu. Le seul frein : le prix, entre 70 et 300 euros le kilo!

On se rend ce matin à Shirakawa-go en bus (3300 yens/ pers A-R), un petit village de 2000 habitants à seulement 1 heure de Takayama. Situé entre des collines boisées, ce magnifique village rizicole compte encore des maisons gassho, à la l'architecture en bois spécifique et aux longs toits de chaume. Là aussi les saisons sont trés marquées, et il reste encore un bon mètre de neige.

Le saké nouveau est arrivé à Takayama et on peut assister à un défilé et une cérémonie avant de sauter dans un train pour la suite de notre périple. Ces trois jours à Takayama nous ont enchantés, on est bien loin de l'ambiance des grandes villes japonaises.